Séance 10 • les ombres

La séance de la semaine passée, autour des superpositions, était tout sauf innocente. Elle va nous permettre d'aborder aujourd'hui les ombres.

Dans le carnet répertoire, nous allons choisir un objet simple, un élément de vaisselle, par exemple, que nous allons dessiner trois fois, en essayant d'avoir les esquisses les plus ressemblantes possibles (dimensions, forme, etc). Ainsi, il nous sera plus facile de distinguer les similitudes et les différences lorsque nous aurons appliquer nos différentes couleurs. Parce que oui, tout va se jouer dans les teintes que nous allons choisir !

Nous avons souvent tendance à visualiser les ombres d'un gris parfaitement neutre. Or, nous avons vu précédemment que le gris neutre (noir et blanc) n'existe que très rarement à l'état naturel. Pour avoir des ombres d'un gris très neutre, il faudrait mettre en scène une composition blanche, sur un fond blanc, éclairé d'une lumière blanche. Reconnaissons que de telles circonstances arrivent relativement peu souvent.

Loin de moi l'idée d'affirmer que représenter ses ombres en gris neutre est une grossière erreur. Nous allons juste passer un moment à observer quelles peuvent en être les alternative.

Commençons par octroyer une couleur à l'objet que nous avons représenté en triple exemplaire. Je vous invite à choisir une couleur primaire ou une couleur secondaire (orange, vert moyen, violet) . Pour celles et ceux qui ont déjà une certaine expérience des gris colorés et des ombres, orientez-vous peut-être plutôt vers des couleurs tertiaires rouge, vert citron, pourpre, etc).

Nous allons appliquer la couleur choisie sur notre objet. Il est tout à fait possible de jouer ici avec les valeurs pour obtenir des zones plus claires que d'autres, qui ébaucheront le travail d'ombre et de lumière. Vous l'aurez néanmoins compris, l'idéal est, une fois cette première couleur passée, d'avoir, une fois encore, trois éléments similaires.

Vient donc le moment d'appliquer les ombres. Pour ce faire, il faudra que la première teinte soit entièrement sèche, puisque nous allons venir travailler en superposition (si, au cours de l'application des ombres, certaines zones se ré-humidifient et basculent en mode "mélange", ce n'est pas grave !).

Quelles couleurs allons-nous alors utiliser ?

Dans la première case, nous allons appliquer les ombres (sur l'objet et l'ombre portée, à savoir l'ombre que l'objet projette sur l'espace environnant) avec la couleur complémentaire à celle qui a été utilisée lors de la première étape.

Dans mon cas, en complément de mon orange, c'est donc avec du cyan que je vais travailler mes ombres.

Pour le deuxième élément, nous allons nous reporter à notre échelle de gris coloré pour déterminer quelle sera la teinte que nous allons utiliser.

Dans la gamme allant de la complémentaire à notre couleur de départ (toujours dans mon cas,, il s'agira de la gamme du cyan jusqu'au orange), nous allons sélectionner la teinte présente dans la case numéro deux. Il s'agit, à priori, de la couleur comprise entre la teinte pure (celle extraite du cercle chromatique) et le gris coloré. Appelons-la la couleur intermédiaire. Chez moi, il s'agit d'un cyan dans lequel a été déposé un peu d'orange : un bleu grisé.

Avec cette couleur, nous allons appliquer une ombre sur notre deuxième élément, en essayant d'utiliser le même mode opératoire que pour le premier ombre : ombres posées aux mêmes endroits, avec une intensité similaire.

Enfin, pour l'ombre du troisième élément, nous allons choisir la couleur la plus grisée de notre échelle de gris. Là aussi, le principe sera d'appliquer l'ombre de façon similaire aux deux premières opérations.

Nous obtenons donc trois objets, similaires par leur forme et leur couleur de base, travaillés avec trois teintes différentes pour la réalisation des ombres.

Une fois encore, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise façon de travailler les ombres. Certain·e·s préféreront l'aspect plus naturel des options 2 et 3, quand d'autres apprécieront le contraste intense de l'option 1, où l'usage de la complémentaire valorise la couleur de départ.

D'une personne à l'autre, mais également d'un jour à l'autre ou d'un sujet à l'autre, les goûts et les envies peuvent varier. L'essentiel est de connaître ces possibilités pour pouvoir ensuite sélectionner celle qui vous conviendra le mieux à un moment donné, pour une composition donnée.

Vous trouverez ci-dessous quelques propositions de modèles pour réaliser cet exercice.

Vous pouvez bien évidemment choisir votre propre source d'inspiration, qu'il s'agisse d'une photo dénichée sur internet ou d'un élément que vous possédez chez vous. Auxquels cas, veillez néanmoins à ce que les ombres et les lumières soient faciles à discerner.

Et la mise en Application

A partir d'une des "natures mortes" ci-dessous, choisissez-en une qui vous plaît, que vous allez donc travailler avec les ombres.

Ici, deux options :

- composition monochrome : l'ensemble des éléments sera travaillé avec une seule couleur (avec toutes les variations de valeur qui sont possibles). Les ombres seront alors, là aussi, réalisées avec une seule teinte, à votre discrétion (complémentaire, intermédiaire, gris coloré).

- composition multicolore : les éléments posséderont chacun leur teinte propre (il est tout à fait possible  de se restreindre malgré tout à une gamme de couleurs : n'utiliser, par exemple, que deux primaires et les couleurs issues de leur mélange). Les ombres seront alors toutes différentes les unes des autres, qu'elles soient appliquées avec des couleurs complémentaires, intermédiaires ou des gris colorés. Dans ce dernier cas, essayez de fabriquer vos gris colorés à partir de la couleur choisie pour l'objet et de la complémentaire de celle-ci. Ainsi un objet orange n'aura pas la même ombre qu'un objet vert.

A vos ombres et lumières !