Après le papier journal, intéressons-nous cette semaine au papier Kraft, un autre support qui n'est pas initialement conçu pour travailler l'aquarelle. Mais, comme souvent, cela ne nous empêchera pas de lui trouver un certain charme, et, peut-être des atouts à réutiliser pour certains projets.

Encore une fois, il en faut pour tous les goûts : certain·e·s resteront assez sceptiques, quand d'autres ajouteront avec plaisir ce nouveau papier à leur répertoire de support.

 

Comme le journal, le papier kraft est assez fin, avec des paramètres d'absorption très  différents du papier aquarelle. Afin de lui éviter de gondoler, et quand bien même les risques de déchirure sont moindre qu'avec le journal, nous allons, là aussi, contre-coller notre support sur du carton ou du papier assez épais. Il sera alors important de bien appliquer la colle (vinylique ou autre) sur toute la surface pour éviter toute bulle ou variation d'épaisseur.

 

Une fois que la colle a bien séché, il est temps de se lancer dans une petite phase d'expérimentation. Retrouvons notre carnet répertoire et nos différents essais, afin de nous familiariser avec notre nouveau support. A l'instar de la séance dernière, le principe, pour chacun·e, est de tester des techniques avec lesquelles vous êtes à l'aise et dont vous pensez vous servir plus tard. Le papier kraft, contrairement au papier journal, permet un peu mieux le travail sur humide et la fusion des couleurs.

Voici donc ma propre page de carnet-répertoire, où, cette fois-ci, je me suis principalement intéressée aux trois primaires, en m'appliquant à revisiter les différentes techniques abordées en tout début d'année : techniques humide et sèche, dégradés sur fond sec, superpositions, etc. Cela reste mes propres recherches, n'hésitez pas à étudier d'autres effets !

Voici un peu le détail de mes expérimentations :

L'idée, ici, est d'observer comment l'aquarelle réagit sur ce nouveau support.

 

En technique sèche, tout d'abord : cela permet de voir comment la matérialité du papier (ses légères striures) et sa teinte viennent interagir avec les pigments de l'aquarelle → les primaires s'en trouvent légèrement altérées, tandis que la transparence de l'aquarelle permet de conserver cette matière particulière du kraft que nous pouvons deviner sous la couleur.

En technique humide, ensuite : l'objectif est alors de voir comme le papier réagit à l'apport en haut et d'étudier son pouvoir d'absorption et de restitution, avant de nous intéresser à la façon dont l'aquarelle elle-même va se comporter. Comme il est difficile de faire plus qu'humidifer légèrement le kraft, la couleur va moins fuser que sur du papier standard (avec néanmoins des variations selon les pigments) mais présenter malgré tout de jolis flous.

 

Une fois ces premiers essais sur sec et humide effectué, la tentation est grande de s'essayer aux dégradés (sur fond sec) pour travailler à la fois l'idée d'étirer la couleur avec de l'eau, mais aussi de nous intéresser aux interactions des différentes saturations de pigments avec le papier.

Comme sur un papier dédié à l'aquarelle, le processus implique d'apposer une teinte très saturée en pigments, en un ou deux passages, avant d'apporter progressivement de l'eau, afin de diluer et désaturer la couleur.

 

Nous pouvons une nouvelle fois observer que la réussite de ces dégradés dépend certes de la pratique, mais aussi de chacun des pigments : comme toujours, le jaune, plus docile, s'étire avec facilité sans laisser de traces, quand le cyan se fait plus indomptable. Le magenta, d'ordinaire la plus rebelle des primaires, se trouvent ici à mi-chemin entre le jaune et le cyan.

 

Une autre façon de jouer avec l'idée de dégradé et d'humide est de chercher à "étirer la couleur" (ce que nous avons étudié lors de la séance 3 apprivoiser la technique humide .

 

Pour rappel, il s'agit dans le cas présent de déposer d'abord un trait de couleur, dilué dans juste assez d'eau pour qu'il ne sèche pas à vitesse grand V.

Avec un deuxième pinceau chargé d'eau, nous venons humidifier la zone en aval de la couleur, avant de remonter doucement vers les pigments pour les inviter à fuser dans la partie ainsi humidifiée.

 

Là encore, les résultats varient selon la quantité de pigments, l'étendue de la zone humide mais aussi les différentes couleurs.

 

Les superpositions m'intriguent et me fascinent... Je ne pouvais pas faire l'impasse sur la question !

 

Il va donc s'agir de réaliser un aplat avec chacune des trois primaires, relativement saturées en pigments, avant de bien laisser sécher (au besoin, le sèche-cheveux peut devenir un accessoire incontournable !).

 

Une fois secs, ces aplats vont chacun recevoir une superposition des deux autres couleurs primaires. L'essentiel est alors d'utiliser sensiblement la même saturation en pigments à chaque étape du travail...et d'éviter de multiplier les passages du pinceau lors de la phase de superposition : certains pigments ont tendance à se "réveiller" lorsqu'ils sont trop humidifiés.

Là encore, l'idée est d'observer comment les couleurs interagissent entre elles...et avec le support !

 

A noter : le papier kraft est souvent utilisé, notamment en dessin, en peinture ou pour travailler la technique du pastel... bien moins souvent en aquarelle. C'est néanmoins un support qui est intéressant notamment par sa teinte chaude qui va immédiatement donner une ambiance à une composition, mais aussi par sa matérialité même.

Enfin, sans dire que c'est une technique incontournable, le papier kraft peut être intéressant dans la pratique de l'aquarelle quand on associe la couleur à un travail de dessin plus fin au feutre ou à la plume, par exemple.

Avec le papier kraft, l'essentiel va souvent résider dans le fait de laisser "respirer" la composition : plus encore qu'avec du papier blanc, il sera important de préserver des zones sans apport de couleur.

LA MISE EN APPLICATION :
 

Le papier kraft peut être l'occasion de réaliser des compositions dans les tons de sépia (d'autant plus que nous avons étudié les marrons et autres bruns, récemment) pour une ambiance un peu surannée...

Ou, au contraire, réaliser une composition avec des couleurs plus vives, en contraste avec les tons du papier...

Ou, encore, jouer sur l'entre-deux : des couleurs plus riches, mais dans une gamme plus proche de celle du kraft (orange, écarlate, jaune,...).

 

Voici quelques propositions de modèles et de sources d'inspiration. N'hésitez pas à choisir vos propres visuels si ceux-ci ne vous conviennent pas.

 

Tout est possible, donc, une fois de plus, l'essentiel est de se faire plaisir et de passer un bon moment !

Séance 23 • support : papier kraftSéance 23 • support : papier kraft
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